La liturgie : Des gestes, des paroles, un sens… La liturgie éclairée

Le Carême s’ouvre avec la célébration des Cendres.
Un rite à forte symbolique biblique, qui s’est imposé tardivement dans la liturgie.

D’où vient le mercredi des Cendres ?

Dans l’Eglise, la symbolique biblique des Cendres s’est imposée très rapidement pour les pénitents qui, dès l’Antiquité, portaient le cilice et se couvraient la tête de cendres.

Au début du VI ème siècle, alors que le Carême s’est peu à peu mis en place, l’Eglise a en effet voulu que ce temps préparatoire à la fête de Pâques dure quarante jours. Comme les dimanches – marqués par la joie de la  Résurrection – ne pouvaient être comptés dans cette période de pénitence, il a été décidé que l’entrée en Carême serait avancée au mercredi précédent le premier dimanche. A Rome, au VIII ème siècle, la première messe du Carême était célébrée par le pape dans la basilique Sainte Sabine, après une procession sur la colline de l’Aventin, tradition qui a été conservée jusqu’à nos jours.
Au Haut Moyen Age, lors de cette procession d’entrée en Carême, on chantait l’hymne Immutemur habitu in cinere et cilicio (« Changeons de conduite, sous la cendre et le cilice »).

« Dans les pays rhénans, au X ème siècle, on voulut donner une expression sensible au texte liturgique qui, à Rome, était pris au sens spirituel, en instituant le rituel de l’imposition des cendres », écrit le P. Pierre Jounel.

Le mercredi des Cendres était né. Cet usage rhénan s’étend
rapidement au reste de l’Europe. En 1091, le concile de Bénévent (sud de l’Italie) décrète ainsi que « le mercredi des Cendres, tous les clercs et laïcs, hommes et femmes, recevront les cendres ». Au XII ème siècle, ce rite est attesté à Rome mais ce n’est qu’au siècle suivant que le pape lui-même se soumettra à cette démarche pénitentielle.

Avec quoi fait-on les cendres ?

Traditionnellement, les cendres utilisées le mercredi ouvrant le Carême sont issues de l’incinération des branches bénies lors de la fête des Rameaux de l’année précédente. Un symbole fort pour le P. Sébastien Antoni, liturgiste, qui met en rapport la procession des Rameaux et celle des pénitents qui vont recevoir les cendres. «  L’année dernière, à la fin du Carême, nous étions tous là pour fêter les Rameaux et dire au Christ que nous étions prêts à le suivre jusqu’à la croix, rappelle-t-il. Et puis ces rameaux que nous avons ramenés chez nous se sont desséchés, comme nos belles résolutions… Ils seront donc brûlés et serviront à marquer sur nos fronts l’entrée dans le temps de pénitence du Carême. Y aller en procession souligne d’ailleurs que ce n’est pas une démarche personnelle mais communautaire : c’est en peuple que nous marchons à la suite du Crucifié ».

Néanmoins, il ne s’agit pas de nous culpabiliser mais « de recevoir la possibilité de repartir, à nouveau, à la suite du Christ », explique le P. Antoni.

C’est tout le sens d’une des deux paroles que le prêtre est invité à prononcer, au choix, lorsqu’il impose les cendres : « Convertis-toi et crois à l’Evangile » (l’autre étant « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière »).

Question d’enfant

« Pourquoi le prêtre nous applique-t-il des cendres sales sur le front
le mercredi des Cendres ? », demande un enfant à sa maman le jour du mercredi des Cendres.

La Bible parle des cendres comme d’un signe de notre péché, de ce qui salit notre cœur. C’est pour nous souvenir de cela que nous sommes marqués avec ces cendres grises. Ainsi, pendant tout
le Carême, nous faisons des efforts pour rendre notre cœur plus beau pour Dieu : on se débarrasse de la méchanceté, de la jalousie, de la paresse, et on prie davantage. A Pâques, notre cœur sera renouvelé, presque tout neuf, ouvert à l’amour de Dieu. Grâce à
Jésus, tout le gris sera chassé. Nous serons comme lavés de ces cendres, et nous pourrons même nous habiller en blanc pour rappeler notre baptême !

Quand on se laisse aimer par Jésus, on passe de la saleté à la beauté, de ce qui est gris et sombre à la lumière et la clarté. On passe de la tristesse à la joie, parce que Jésus, à Pâques, passe de la mort à la Vie.

Bruno Catalon